Figer les mots dans le temps et dans les esprits
Avant même la première année du primaire, les mots revêtaient une importance capitale pour l’écrivaine en devenir. Il fallait pouvoir écrire toutes ces idées qui prenaient naissance dans son esprit puisque la mémoire à elle seule ne suffisait pas à figer les mots qui, autrement, finiraient par s’évaporer.
Née à Matane le 10 février 1982, Anick Fortin eut une enfance à des années-lumière de celle de l’héroïne de son premier roman. Après des études primaires et secondaires où elle excelle dans toutes les matières, Anick entreprit avec succès en 1999 un diplôme d’études collégiales en Sciences de la Nature au Cégep de Matane. En 2002, elle déménagea à Rimouski pour y compléter un Baccalauréat de l’Enseignement des Mathématiques à l’Université du Québec à Rimouski (UQAR). Dès la fin de ses études en 2005, elle retourna à sa ville natale pour y enseigner les mathématiques au secondaire à la Polyvalente de Matane, puis occupe un poste de conseillère pédagogique à l’intégration des technologies.
Au-delà des sciences et des mathématiques, Anick Fortin est particulièrement attirée par la langue française, les mots, le récit et la fiction. En 2003, au cœur de ses études universitaires, elle écrit LA BLASPHÈME, son premier roman. Le récit d’une centaine de pages est corrosif à souhait, bercé d’une sensibilité profonde malgré la distribution de coups de fouet. Victor-Lévy Beaulieu s’y intéressa immédiatement et le publia d’emblée aux Éditions Trois-Pistoles. LA BLASPHÈME a su créer des remous que le ressac du fleuve ne pouvait empêcher. La nouvelle se répandit de bouche à oreille et les copies du live se firent de plus en plus rares. Les critiques s’animèrent ; voilà qu’on déteste ou on adore… tout simplement.
Portée par la vague, Anick Fortin publia LES COLONS DE VILLAGE aux mêmes éditions en 2005. L’acidité des mots employés déchire les pages de ce deuxième livre au même titre que le premier. Le sang et les larmes s’entremêlent et ne s’assèchent guère après lecture de la dernière page. LES COLONS DE VILLAGE porte à réfléchir et suscite la réflexion, ce que tenait absolument l’auteur.
En 2008, Anick Fortin récidiva avec JOURNAL INTIME D’UNE PUTE CONFORME. Après la provocation par le langage, la jeune auteure privilégia la poésie pour se faire entendre. Un livre dur, que traverse l’érotisme et la tendresse sous forme de petits poèmes admirablement ciselés.
Dans le cadre d’une maîtrise en création littéraire à l’Université du Québec à Rimouski, accompagnée par sa directrice de mémoire madame Christine Portelance, elle écrit LES TÊTES BRISÉES, publié en 2013 aux Éditions Trois-Pistoles.
En 2016, Anick Fortin travaille avec Pierre Labrie et Mylène Fortin sur un projet novateur en écriture collaborative numérique où les écrivains se livrent à une expérience d’écriture à nu. Les Amplificateurs proposent aux lecteurs d’accéder en temps réel au cahier d’écriture de ces trois auteurs.
Forte de ses expériences en enseignement avec des élèves en difficultés d’apprentissage, Anick Fortin jure que les histoires tordues qu’elle invente ne sont pas si loin de la réalité. Il est fort à parier que son quotidien lui inspirera d’autres récits fabuleux…